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Education & actions contre le racisme & l’antisémitisme: des écoles de Belgique engagées

C’était le jeudi 18 novembre dernier, dans le cadre du projet « Éducation et actions contre le racisme et l’antisémitisme. Les enfants d’Izieu, des familles et des enfants d’Europe dans la Shoah : d’hier à aujourd’hui, Bruxelles, Izieu, Nuremberg », un titre un peu long, mais un titre qui révèle la volonté de ne rien oublier tant des faits historiques du XXe siècle que ce projet réunit, que de la richesse des ambitions pédagogiques qu'il se donne.

Ce projet est né il y a plusieurs années, d’un partenariat entre : l’association belge basée à Ixelles, l'Association pour la Mémoire de la Shoah AMS, l’association française (que je représente en Belgique) la Maison d’Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés, et les autorités françaises de Belgique : le Consulat et l’Ambassade de France.


C'est par la réponse à un appel à projet de ces deux associations, que les autorités françaises de Belgique ont pu soutenir ce projet à travers le programme STAFE du Consulat général de France à Bruxelles.

Ce partenariat existe depuis plusieurs année entre ces différents acteurs. Depuis 2014 nous travailons ensemble sur les questions d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme. Avec, comme public privilégié, le plus grand lycée français de Belgique, aussi deuxième plus grand lycée français de "l'étranger" après celui de Londres : le lycée Jean Monnet situé dans le commune d'Uccle en région bruxelloise.


En effet, des classes de lycéennes et lycéens de Jean Monnet vont depuis 2014 à Izieu en voyage d’étude. Plusieurs classes ont aussi été associées à la pose de pavés de mémoire pour les enfants d'Izieu nés en Belgique entre 2016 et 2017. Je pense en particulier aux cérémonies officielles qui avaient eu lieu à Bruxelles et Liège - voir mes articles précédents L'exposition de la Maison d'Izieu, sur les enfants juifs réfugiés à Izieu et nés en Belgique (bertrandwert.eu) et La mémoire est un combat! Les pavés de mémoire d'Anvers... (bertrandwert.eu).


Dans le cas d'Anvers, où il reste encore un pavé des enfants d'Izieu à poser, les classes n'ont pas pu y être associées comme initialement prévu, car nos associations ont rencontré de grandes difficultés, avec le refus pendant de longs mois des autorités de la ville de laisser ces poses se faire.


Autant d'éléments présentés par Eric Piquard, administrateur de l'AMS, dans la vidéo ci dessous de pose du pavé d'Emile Zuckerberg (sans autorisation du Bourgmestre d'Anvers), le dimanche 11 février 2018.

Des communautés scolaires de Belgique engagées contre le racisme & l’antisémitisme


A travers ces projets, les élèves travaillent en particulier sur l’histoire des 10 enfants juifs nés en Belgique avant la Seconde guerre mondiale, et qui ont été raflés par la Gestapo et leurs collaborateurs vichystes le 6 avril 1944 à Izieu - France -, pour être assassinés dans les jours suivants au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.


Nonobstant la force et le sens du travail déployé par le lycée et ses élèves, et la qualité de leurs résultats pédagogiques, au fil des ans nous nous sommes rendus compte de l’importance d’étendre ce projet à d’autres communautés scolaires voisines ; autrement dit, de travailler avec les "écoles belges", de la Fédération Wallonie-Bruxelles


Les objectifs pédagogiques, comme les défis rencontrés en chemin, sont sensiblement les mêmes pour des enfants qui, s'ils sont scolarisés dans différentes écoles, ont tous et toutes pour point commun de vivre en Belgique.


L'idée de faire bénéficier de ce voyage d'étude à d’autres publics et d’encourager des rencontres interscolaires nous est vite apparue évidente. Particulièrement, d'autant que ces dernières années, les sociétés belge et française ont eu pour destin commun d'être traversées par de terribles actes terroristes et, malheureusement aussi antisémites. On peut penser au musée juif de Bruxelles (mai 2014), aux attentats de Paris (janvier et novembre 2015) ou à ceux de Bruxelles (mars 2016).

Si ce travail ne peut évidemment pas prétendre répondre seul à ces enjeux, tant cette tâche le dépasse, il participe néanmoins d'une nécessaire prise de conscience commune et à la possibilité d'un travail collectif pour développer des outils pédagogiques face à l'antisémitisme et au racisme, à partir d'une histoire partagée : l'histoire du XXe siècle et de la Shoah.


La richesse d'un projet pédagogique rassemblant des classes au profil fort différent


Le projet devait se réaliser durant l'année scolaire 2019-2020, mais du fait de la pandémie il a été reporté deux fois avec quelques changements dans les partenariats au gré des disponibilités des écoles et des enseignants. Nous avons dû prendre contact avec de nombreuses institutions publiques ou libres de la Fédération WB, tant en Région bruxelloise qu’en Wallonie.


Pour cette année 2021-2022, ce projet pédagogique unique regroupe 68 élèves et 20 accompagnateurs du lycée français Jean Monnet d’Uccle, de l’athénée juif Ganenou d’Uccle, de l’Athénée royal de Mons et de l’école primaire communale n°9 Augusta Marcoux de Molenbeek St-Jean.


Sans aucun doute, la grande diversité des élèves de ces écoles, tant sur le plan socio-économique que culturel, représente une grande richesse mais aussi un défi en soi très important pour le projet. Les enseignants comme les organisateurs en sont conscients et sont unanimement prêts à le relever!


Objectifs et étapes du projet


L'objectif général du projet est de permettre aux élèves à travers le parcours des enfants d'Izieu d'appréhender la migration, la fuite, la cache puis la déportation et l’extermination des enfants pendant la Seconde guerre mondiale. Mais aussi de travailler sur les enjeux contemporains de citoyenneté qui y sont rattachés : droits de l'enfant, justice, mémoire, lutte contre les racismes et l’antisémitisme.


Pour cela, nous procéderons par étapes, avec un travail préparatoire de rencontres entre les enseignants et les élèves, pour approfondir la connaissance historique du sujet à partir de septembre 2021 entre Bruxelles et Mons. Dans le même temps, nous essaierons de mettre les élèves en "situation active", soit par des actes mémoriels, des receuils de témoignages ou par des recherches en archives. Finalement, ces étapes seront suivies par le voyage d’étude en soi, prévu vers Lyon et Izieu du 23 au 28 avril 2022.


Première étape : la rencontre inter-établissements à l'occasion de la pose de pavés de mémoire à Mons pour les familles juives montoises Benrubi et Ganzo


Les élèves de 3e-4e-5e secondaire et rétho du Lycée Français Jean Monnet Bruxelles, de l’Athénée juif Ganenou de Uccle et de l’Athénée Royal de Mons se sont rencontrés le 18 novembre dernier à l'occasion de la pose et l’inauguration des pavés de Mémoire pour les familles juives montoises Benrubi et Ganzo.

Cet évènement mémoriel a été préparé de longue date par l'AMS, et en particulier Bella Swiatlowski, Marcel Zalc et Eric Picard. Auxquels ont été associés les différents enseignants impliqués dans le projet, et en particulier à madame la Préfète de l’Athénée Royal de Mons, Françoise Colinia.


Nous avons eu déjà pas moins de cinq réunions de préparation en ligne avec les enseignants depuis l'été 2021, et nous allons poursuivre à un rythme d'une rencontre en ligne tous les mois afin de préparer les rencontres et échéances logistiques à venir.


La matinée a débuté par des prises de parole des enseignants lors de l'inauguration en rue devant les pavés de mémoire.

Sur la vidéo prennent successivement la parole :

  • Alice Vandwalle, professeure d'histoire au lycée Français de Uccle

  • Marie-Laurence Adyns, professeure d'histoire à l’Athénée Royal de Mons

  • Tamara Weinstock, professeure de religion de l’Athénée juif Ganenou de Uccle

Cette rencontre a été la première à être tenue, et plusieurs vont suivre.


L’inauguration préparée de longue date, a été largement soutenue par les autorités communales montoises qui se sont très fortement impliquées.


Notamment par l'intermédiaire de Françoise Colinia, Préfète de l’Athénée Royal de Mons, qui est aussi conseillère communale de longue date à Mons, et à laquelle je rends ici un hommage tout particulier pour son investissement continue et déterminé à faire se réaliser ces projets.


A cette occasion, Monsieur Richard Benrubi, enfant de l'un des survivants des familles de juives de Mons, qui a aussi été élève à l'Athénée Royal de Mons après la guerre, et qui a vécu toute sa vie à Mons où il a fondé sa famille, nous a apporté son témoignage, en présentant le parcours de ses parents pour lesquels nous avons posé des pavés ce 18 novembre 2021.

Comme souvent, la pose des pavés de mémoire s'est faite en présence de nombreux représentants des autorités communales et autres associations, de citoyens, des familles - quand elles existent ou sont encore en vie -, des élèves et de la presse présente en nombre ce jour-là.

Après le scellement, le recueillement et quelques prises de parole sur les lieux des pavés dans le centre de Mons, nous avons été reçu en Maison communale pour une cérémonie solennelle sous la présidence du Bourgmestre Philippe Martin.

Ces déclarations et réceptions officielles ne sont pas toujours acquises et simples à obtenir de la part des autorités publiques. On se souvient combien il nous a fallu lutter pour pouvoir ne serait-ce qu'obtenir l'accord des autorités de la ville d'Anvers pour pouvoir seulement poser les pavés, sans jamais pouvoir être officiellement reçu par le pouvoir central de la ville.


A Mons, comme dans de nombreuses villes et communes de Wallonie et de Bruxelles, les choses sont heureusement bien différentes.


Ces discours ont été suivis par les prises de paroles de jeunes montois de l'Athénée Royal - travaux débutés en 2019 lors du premier lancement du projet pédagogique et poursuivis depuis -, qui ont pu revenir sur les travaux qu'ils ont pu mener dans les archives de la ville ces dernières années, en particulier sur les 88 victimes juives des crimes nazis à Mons.


Je vous laisse découvrir leurs témoignages :

J'ai finalement eu l'occasion de prendre la parole pour saluer tout le travail développé jusque là par les enseignants et les élèves, avec le soutien plein et entier des autorités scolaires et de la ville de Mons.

Autorités, dont le Bourgmestre, que j'ai officiellement invité à se joindre à nous pour le voyage qui nous emmènera vers Lyon puis Izieu du 23 ou 28 avril 2022.


Après les commémorations : le travail pédagogique

La journée s'est poursuivie par l'accueil à l'Athénée Royal, où après une rapide mais copieuse restauration à la cantine, les élèves ont pu commencer leur travail collectif.


Organisés autour de débats et discussions contradictoires par petits groupes, en "cercle de parole", les enseignants les ont invités à réfléchir de manière critique sur la démarche mémorielle de pose de pavés de mémoire aux victimes du nazisme ; l'une des questions posées était : "est ce que les pavés de mémoire sont des formes appropriées de commémoration?"

Elles et ils ont pu ensuite partager leurs réflexions devant l'ensemble de l'assemblée, avec quelques réflexions originales...

Finalement la rencontre s'est achevée par le témoignage de Monsieur Richard Benrubi, qui nous accompagnera tout le long du projet, jusqu'à Izieu.


Il est aussi intéressant de relever que l'un de ses petits-enfants est impliqué dans le projet car il est aussi scolarisé à l'Athénée Royal de Mons.


Deuxième étape : prochaine action pédagogique dans le cadre du projet à partir du 17 janvier 2022 : la présentation d'une exposition sur les enfants juifs d'Izieu à Molenbeek-Saint-Jean.


Après cette très belle journée à Mons, la prochaine étape du projet sera la présentation de "L'exposition de la Maison d'Izieu, sur les enfants juifs réfugiés à Izieu et nés en Belgique" au sein de la Bibliothèque des Ecoles en Enseignement différencié BibZep de Molenbeek-Saint-Jean.

La classe de l'école primaire communale n°9 Augusta Marcoux qui viendra à Izieu en avril 2022 visitera l'exposition, mais aussi plusieurs autres classes de primaire de la commune, du 17 au 21 janvier prochain.


Voici le carton d'invitation à l'exposition qui sera uniquement ouverte aux classes du fait de la situation sanitaire

Et de d'ores et déjà de remercier ici, la très forte implication des enseignants de l'école molenbeekoise Augusta Marcoux, et en particulier de Guy Marchand bibliothécaire à la BibZep communale. Quelle équipe!!!


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